FRANCETUNISIEINFO - Hamadi Djilani, le regard d' un Franco-Tunisien sur sa double appartenance

Au lendemain de l’attaque ignoble de Rambouillet commis par un islamo-fasciste tunisien, beaucoup de franco-tunisiens ont éprouvé un traumatisme virulent qui a bousculé soudainement un équilibre construit au fil des années entre deux cultures, entre deux pays et entre deux appartenances souvent parfaitement conciliées.

Nous avons croisé dans ce cadre Hamadi Djilani, pharmacien Franco-Tunisien qui vit à l’ile d’Oléron et qui a accepté de nous livrer le témoignage sur sur le drame de Rambouillet et sur la manière avec laquelle il assume sa double appartenance:

« Je vis en France depuis quarante ans, je suis outré par ces derniers événements.

Je pense avoir été le premier tunisien à être titulaire de sa pharmacie, depuis 1984, après un diplôme décroché à Bordeaux. Je vis à l’île d’Oléron, sur l’Atlantique, en face de la Rochelle, de l’île de Ré et du Fort Boyard. J’y ai fait toute ma carrière. Mes enfants ont très bien réussi, et l’aîné à une pharmacie et vient en plus, depuis un an, de prendre ma suite. L’autre est directeur marketing, pour toute l’Europe, dans un labo japonais.

Je suis bien intégré et je refuse le terme assimilé, car j’ai la chance d’avoir deux pays et deux cultures, ce qui est une grande richesse. Dans la région très touristique que j’habite, le métier que j’y exerce m’a permis de rencontrer des gens de toute la France et de divers pays.

J’aimerais que dans les médias, on parle plus des Français musulmans qui ont réussi, et qui beaucoup plus nombreux, que Ceux qui commettent des crimes.

L’île d’Oléron est la deuxième île en France après la Corse, avec ses 22000 habitants à l’année et plus de 250 000 pendant la période touristique. Je précise ça pour dire que je connais bien la France, d’autant qu’en Tunisie, tous les enseignants que j’ai eus étaient français. Mes parents sont allés à l’école avant l’indépendance, école française. Donc la France n’a jamais été un pays étranger pour moi.

En outre, je suis tunisois, et j’ai passé mon enfance à La Goulette, la ville la plus cosmopolite et la plus moderne de Tunisie.

Tout ça pour dire que j’aime mes deux pays qui sont les mamelles qui m’ont nourri. Mais je ne me fais pas d’illusion. En France, je ne serai jamais un Français comme les autres. Ne serait-ce que par le nom que je porte et je serai toujours un français « d’origine tunisienne ». Expression que j’exècre car elle en dit long sur le regard des Français de souche sur les « usurpateurs » franco-tunisiens. »