ALBERT MEMMI - LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE TUNISIE REND DES HOMMAGES POSTHUMES AU PHILOSOPHE ALBERT MEMMI

 

 

En 99 ans d’existence, l’écrivain et essayiste Franco Tunisien Albert MEMMI, a accompli sa mission d’artisan du savoir, d’enseignant et du penseur du contradictoire, de l’entre deux et des opposés.

ArriALBERT MEMMI 300x158 - LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE TUNISIE REND DES HOMMAGES POSTHUMES AU PHILOSOPHE ALBERT MEMMIvé au monde le 15 décembre 1920 à Tunis dans une famille juive tunisienne, sa destinée se dévoile avec l’obtention d’un diplôme en philosophie à Alger avant de s’envoler à Paris pour étudier à la Sorbonne.

Une destinée qui ne s’alignait qu’avec les lieux et les énergies du savoir, c’est ainsi qu’il a enseigné à HEC et à l’Université de Nanterre.

Son séjour en France ne l’avait pas empêché de soutenir le mouvement de l’indépendance de la Tunisie : « Il faut aider les Tunisiens, parce que leur cause est juste ».

Au lendemain de l’indépendance Tunisienne, Albert camus constate amèrement que « seuls les musulmans avaient droit de cité », ce qui le pousse à s’interroger sur la nature sociologique de son pays natal ou il se sentait à la fois dedans et dehors : « Partir, parce que cette cause n’est pas la mienne ».

En 1967, il obtient sa nationalité française, la dualité des univers de la Tunisie et de la France ne semblaient pas assouvir la soif intellectuelle de notre homme, il s’interroge également sur ce que signifie d’être juif, il invente alors le concept de judéité qui sera par la suite utilisé par d’autres philosophes : « Je ne voulais pas tenir compte du fait juif, il s’impose à moi ».

En 2004, il obtient le Grand prix de la francophonie par l’Académie Française qui ne lui fait pas oublier le Prix de Carthage qu’il avait obtenu à Tunis en 1953 ou encore le Prix Simba à Rome en 1978.

Albert Memmi est à la fois officier de l’Ordre National de la Légion d’Honneur et Officier de l’Ordre de la République Tunisienne.

L’énumération des autres prix et honneurs octroyés à notre penseur nous prendrait un temps considérable, aussi considérable que toutes les contractions et les interrogations qui ont animé son esprit : identité, société, judéité, indépendance, liberté, injustice et racisme…

Une belle destinée à la fois riche et intellectuellement inconfortable qui s’achève à Paris le 22 mai 2020 laissant derrière elle aux français, aux tunisiens, aux juifs et à tous les hommes un héritage académique et philosophique d’une très grande utilité qui suscite la fierté de la France et de la Tunisie.

C’est à ce titre que la Bibliothèque Nationale de la Tunisie lui a rendu des hommages posthumes à sa mémoire au mois de juin dernier.

Des hommages qui interviennent dans un moment propice pour nous inciter à faire preuve d’une plus grande considération pour l’autre dans un moment ou la Tunisie est souffrante d’un risque de déconstruction identitaire, culturelle et intellectuelle au profit d’un projet obscurantiste qui la guette depuis quelques années.

Alors merci Albert, même votre départ nous ramène à la réflexion et à l’amour du savoir.